Un Sénan, Didier Dupuy est chef mécano sur ce bateau et participe donc à son entretien.Pas de repos pour le navire du Capitaine Haddock ; Le baliseur morbihannais Roi Gradlon semble sorti d'un album de Tintin. Toujours fringant, il fête aujourd'hui ses soixante ans. Coque noire, listons rouges impeccables. Le baliseur morbihannais Roi Gradlon poursuit vaillamment ses missions de l'embouchure de la Laïta à celle de la Vilaine. Ce mercredi 15 octobre, le navire amiral des Phares et Balises souffle ses soixante bougies ! À Lorient, tout le monde le surnomme« Le bateau du Capitaine Haddock ». Le patron Alain Le Franc ne ressemble pas au copain de Tintin, mais le Roi Gradlon aurait pu être dessiné par Hergé. Avec ses sept hommes d'équipage, Alain Le Franc bichonne son navire. Dans le ventre du vénérable baliseur, les moteurs d'époque, des Sülzer tournent comme des horloges. Le mécano huile la mécanique. Après une courte carrière à Brest, le Roi Gradlon est arrivé à Lorient en 1952 et depuis n'a plus quitté les eaux morbihannaises. Sa coque rivetée en acier longue de 35 m, construite au Havre, a vu passer quelques marées ! Basé à Lorient ou à Port-Haliguen, il est un des trois bateaux chargés de l'entretien et de la réparation des quelque 650 marques de parcours maritimes des eaux morbihannaises. Tourelles, bouées cardinales ou de chenaux sont régulièrement visitées. « Le Roi Gradlon est le seul baliseur de France, qui dispose de cales où nous pouvons embarquer le matériel » explique le capitaine Le Franc, maître à bord depuis vingt ans. Une seconde vie, Il sait, bien sûr, que les Phares et Balises ont mis en service des bateaux neufs, plus adaptés aux missions à accomplir, quel que soit l'état de la mer. Mais qu'importe. Le Roi Gradlon est unique en son genre. Ne serait-ce que par ses couleurs de bande dessinée. Il a échappé au gris tristounet qu'affectionnent l'administration et la Marine nationale.Au printemps prochain, le bâtiment devra subir une visite de santé qui durera deux mois. Son désarmement, n'est pas à l'ordre du jour. Mais l'équipage s'inquiète déjà : « Que deviendra-t-il quand les Phares et Balises s'en sépareront ? On n'aimerait pas qu'il finisse à la ferraille. » On peut lui imaginer une seconde vie. Son sister-ship, le Roches Douves a été racheté par un particulier qui l'a transformé en bateau de transport de plongeurs sous-marins.
Françoise ROSSI.